A 4h nous sommes debout, pas fâchés que la nuit soit terminée. Le bois est trempé par la rosée et on arrive tant bien que mal à faire un peu de jus. Nous avons de la grosse artillerie d’arrivée pendant la nuit et elle commence à donner mais la réponse ne se fait pas attendre. Ici comme la veille au soir, séance de gros noirs* (leurs 105). La zone de tir s’allonge. Nous voyons le moment où notre poste de secours va être atteint. Alors nous évacuons les blessés à deux kilomètres en arrière. Nous remontons une petite crête mais avec nos brancards nous sommes aperçus de l’ennemi et nous sommes salués par les gros noirs. Il en tombe même tout près mais aucun éclat ne nous atteint alors on hâte le pas, on se dépêche, on fait le moins de pauses possible et on arrive enfin à l’autre ferme exténués, courbaturés.
On se sauvait même avec nos haricots qui étaient entrain de cuire.
Quoique pas suffisamment cuits, on en mange un peu. C’est alors que nous apprenons que ceux de la 2ème Cie viennent d’être éprouvés par les 105.
Alors on replie bagages, on revient au Signal des Allemands et on part chercher les blessés. Il y en avait beaucoup. Les voitures divisionnaires arrivent et tous sont évacués.
Ce jour là le ravitaillement arrive. On mange pain, singe*, etc.… Le feu cesse encore assez tard. Il pleut très fort. On rentre cette fois dans la grange où l’on se couche mais nous sommes entassés. La nuit se passe tranquillement.
Mauvaise impression de la guerre pendant ces deux jours. Nous avons reçu le baptême du feu Le colonel, lieutenant colonel, le général de brigade et major n’ont pas quitté la crête et n’ont pas été touchés.
Par contre nous avons perdu un tiers de nos officiers, 22 de nos hommes et il y a plus 140 blessés.
Bravo, c est un plaisir de vous suivre