Dans la matinée passe des renforts venant des dépôts de Troyes. Je vois là nos anciens musiciens, qui eux sont moins veinards que nous, car ils sont retournés dans leurs compagnies ; on y voit Refsteck, Demange, Fébié etc.… Ils n’ont pas encore vu le feu.
Neuf heures trente, nous sommes à Hudiviller. Je pars avec une équipe faire une relève aux environs de la ferme des Oeufs Durs. Dans la soirée nous partons pour Vitrimont et nous nous arrêtons un moment la route étant bombardée.
Enfin on arrive à Vitrimont. À l’entrée du village à notre droite, plusieurs chevaux sont morts et nous passons très vite car c’est une infection.
On s’installe dans une maison, on trouve des confitures ensuite on part à la relève sur la route de Lunéville vers la ferme de la Faisanderie qui est en feu ; il fait très noir et il pleut. Il y a des morts tout le long de la route. Nous allons très loin et certaines équipes craignant de rentrer dans les lignes ennemies font demi tour sans avoir de blessés. Pourtant il y en a, cela est triste à constater.
Notre équipe continue la route et nous trouvons sans mal, un blessé que l’on ramène à Vitrimont, toujours sous la pluie. Après nous nous reposons dans notre petite maison ; elle est très étroite pour nous tous et je passe quelques heures sur une chaise. Ensuite nous repartons à Hudiviller et cantonnons dans une grange avec des brancardiers.
Petite info sur la Ferme des Oeufs Durs : c’est aujourd’hui un restaurant sur la route de Nancy à Lunéville. Il y a 2 mois, Bernadette, petite fille de Georges Baudin et son mari y ont laissé une copie des originaux concernant la bataille du Léomont.
Merci vraiment pour cette sublime source de donnee.